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Souviens-toi, l’été dernier

Voilà l’été !

C’est l’été, les vacances… Oh mon dieu, quelle chance !

Pourtant, sur la plage de l’église dunaire (en Flamand de France, kerk signifie église et duin, bah, dune), cette belle fille aura peut-être peur d’aller prendre son bain (après tout, mollo les bains) car elle aura mis pour la première fois son petit bikini rouge et jaune à petits pois.

Atoll, les assassins !

Le bikini, ce fameux maillot à deux pièces aura été créé en 1946 par un Français (cocorico !), Louis Réard, qui, à défaut d’être couturier, devait bien être un spécialiste des fuselages, toutes catégories confondues. Le nom qu’il décerna à sa création n’est autre que celui d’un atoll des îles Marshall, tristement célèbre pour avoir été le théâtre d’essais nucléaires entrepris par le gouvernement des Etats-Unis d’Amérique. Ainsi le premier avait-il été réalisé quelques jours avant le lancement officiel des bouts de tissu balnéaires (le créateur, semble-t-il, voulait par ce choix provoquer dans le monde de la mode une onde de choc comparable à celle de la la bombe).

A dire vrai, je dois avouer, assez piteusement d’ailleurs, que je ne connaissais absolument pas l’existence de cet atoll et sa tragédie, découverts au hasard de mes glissades sur la toile, et plus précisément sur ce blogue.

Bon, en même temps, il faut bien l’avouer, on n’a pas vraiment fait mieux (cacaricaca) : on prendra pour exemple, dans la même veine, les essais nucléaires effectués en 1996 dans les atolls de Mururoa en Polynésie française.

La mémoire pleine, le ventre creux

Je ne sais pas trop pourquoi mais j’ai retenu en particulier que l’atoll de Bikini avait été inscrit sur la liste du patrimoine mondial, établie en partie par l’UNESCO, pour la raison qu’il constituerait le symbole de l’entrée de l’humanité dans l’âge nucléaire… ça doit faire une belle jambe aux autochtones et aux humains des générations futures. A ces derniers (les autres, on s’en fout, ils ont indemnisés – après avoir été déportés et irradiés) n’aurait-il pas été plus utile de léguer un atoll entier, sain, bref, un coin de nature digne de ce nom ? Enfin, même en l’état, la transmission s’avère bien compromise en raison d’un phénomène naturel très contemporain : la montée des eaux. Voilà que nos fameuses îles risquent d’être bel et bien englouties par l’océan…

A propos du patrimoine mondial, j’ai appris dans le train – plusieurs vidéos de propagande (la région et l’union européenne, c’est super, whaou !) tournent en boucle dans les compartiments – que le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais (comment l’appellera-t-on quand les départements auront disparu ?) avait été également inscrit sur la liste du patrimoine mondial, en qualité de  » paysage culturel » c’est-à-dire une « oeuvre conjugée de l’homme et de la nature ». C’est beau, hein ?! Et la vidéo de présenter fièrement la région des Hauts-de-France comme étant la région des musées… Et ben, fichtre alors ! Avec çà, elle va être vachement plus compétitive la région des Hauts-de-France, par rapport aux autres régions de France, ou devrais-je dire d’Europe (bah oui, parce que, bientôt, de France il n’y aura plus). J’espère que les Chinois auront envie de s’emmerder à visiter chez nous des sites qui chez eux fonctionnent encore (la Chine serait le premier producteur de charbon – enfin, en même temps, je me demande s’il y a une quelconque fierté à en tirer).

Je ne sais pas comment feu mon grand-père maternel, qui avait été mineur de fond, aurait apprécié l’entreprise. Je suppose qu’il aurait vaguement acquiescé. Peut-être, mais j’en doute fortement car il ne l’a jamais fait de son vivant, m’aurait-il alors parlé un peu de son passé de  » gueule noire « .

On va sans doute me reprocher une tournure d’esprit bien mesquine mais quand même : bâtir une entreprise de tourisme sur une terre charcutée et défigurée, sur le sang et la sueur d’êtres humains (hommes, femmes et enfants), fallait oser. Enfin, il faut bien vivre et la région a besoin de sous (Pas sûr que l’UE lui en donne tant que çà ; hé ! c’est qu’on n’est pas tout seul)… Et puis, de toute façon j’suis trop con pour comprendre que le bassin minier c’est une oeuvre née de la rencontre de l’homme et de la nature.

Sacrées oeuvres en fait : des coins de terre abîmés à jamais, destinés pour certains à disparaître – et la population humaine qui ne cesse d’augmenter (mais où est-ce qu’on va les mettre tous ces gens s’il n’y a plus de terres ou si elles ne sont pas habitables ?)

Je sais pas moi mais les souvenirs de l’humanité, si ça peut éventuellement étancher ma soif de connaissances, ça ne remplit pas mon ventre…

Souvenirs, souvenirs…

J’ai l’impression que la Vieille Europe ne vit plus que dans des souvenirs, si elle ne vit de ses souvenirs. La mode est effectivement au tourisme de mémoire ou tourisme mémoriel. Il s’agirait, selon une publication d’Atout France, l’agence de développement touristique de la France, de  :  » puiser l’enrichissement civique et culturel de la référence au passé « . Puiser… Comme le charbon ! Décidément, on en finira jamais.

En me baladant à vélo dans les environs d’Esquelbecq (une petite bourgade située en Flandres françaises, dans le pays dit du Houtland), je suis passé visiter un mémorial, rappelant un crime de guerre commis le 28 mai 1940 par une troupe de soldats allemands (des SS plus précisément) sur des prisonniers anglais et français (ces derniers, parqués dans une grange, ont été torpillés par des tirs de grenades puis achevés par balles).

Sur le site, se trouve un monument : une  » stèle de l’amitié et de la paix entre les peuples « . Elle aurait été inaugurée lors du 70ème anniversaire de l’opération Dynamo – opération militaire qui devait permettre d’évacuer à Dunkerque les militaires alliés face à l’avancée des troupes allemandes lors de la Blitzkrieg – donc en 2010. La stèle est constituée de trois mains, disposées en cercle, surplombées par une colombe. Les trois mains, si je me souviens bien, étaient supposées représenter chacune des parties belligérantes. Juste à côté, un drapeau, celui de l’Union européenne… Bizarre, étrange, insolite quand on sait qu’en cette même Union européenne, mais un peu plus à l’est, près de la Baltique, ou bien de la Mer Noire, se déroulent chaque année des commémorations liées à la création et aux actions d’anciennes divisions SS, vues comme  » des combattants de la liberté « …

Plus loin, près d’un belvédère, il y a deux autres drapeaux : le drapeau du Royaume-uni et le drapeau Français.

C’est un peu con, même très con sans doute, j’ai pas pu m’empêcher de me dire que le drapeau de l’Union européen, c’était en fait le drapeau allemand… Et je contemplais tout cela quelques semaines après le Brexit… Il suffira d’un signe, comme le chantait le troubadour des années 80… Et je souhaitais secrètement que ce drapeau bleu orné d’étoiles jaunes disparaisse de ce site…

Souvenirs, Souvenirs,

Je vous retrouve dans mon coeur,

Et vous faites refleurir,

Tous mes rêves de bonheur.

(J’y crois pas : j’ai osé claquer des paroles de l’idole des jeunes sur mon blogue !)

 

 

 

 

 

 

 

Dans la dune

Du nuage un centaure s’élance

Etire lentement ses flancs dans l’antre bleue

Puis s’efface

 

Dans le sable un scarabée s’enlise

S’arrime à l’oyat en proie à Eole

Puis s’enfouit

 

Dans la dune assoupie Serge s’endort

Offre un songe au soleil

Puis s’embrase

Aphorisme

Toute création est une pollution.

Sous le saule, se taire

 

Eole soupirant, le saule somnolent,

Aux feuilles bruissantes comme un ruisseau d’argent,

S’ébroue tout doucement dans la tendre lueur,

D’une chaude soirée au soleil enchanteur.

Là, le petit étang qui s’étend devant lui,

Quand les rides et reflets de sa surface ont fui,

Laisse alors s’élever à travers les roseaux,

Le concert coassant des hôtes de ses eaux.

Etendu sur la rive, l’épi de blé en bouche,

Serge goûte l’instant puis dort comme une souche.

A l’abri, protégé par la haie bocagère,

Il oublie la fureur du siècle mortifère.